Comprendre la notion de charges comprises dans une location

La question des charges locatives est une source fréquente de confusion et de litiges entre locataires et propriétaires. Comprendre ce que recouvre réellement l'expression "charges comprises" est essentiel pour éviter les mauvaises surprises et établir une relation locative sereine.

Que vous soyez locataire ou propriétaire, ce guide complet vous fournira les clés pour naviguer avec assurance dans le monde des dépenses locatives et faire valoir vos droits, ou les vôtres.

Définition et cadre légal des charges comprises

Dans cette section, nous allons plonger au cœur de la définition des charges comprises et explorer le cadre légal qui les encadre. Il est crucial de comprendre ces fondements pour ensuite aborder les aspects pratiques et les subtilités de leur application.

Qu'entend-on par "charges comprises" ?

L'expression "charges comprises" signifie que le loyer mensuel que vous versez inclut une provision pour le paiement des dépenses locatives. Cette provision est une estimation des dépenses que le propriétaire effectue pour le compte du locataire, notamment les charges de copropriété et certaines taxes. Il est important de noter que cette provision n'est pas une somme fixe et définitive, mais une avance sur les dépenses réelles, sujette à régularisation.

Le cadre légal des charges locatives

Les dépenses locatives sont encadrées par la loi n°89-462 du 6 juillet 1989, qui régit les rapports locatifs. Vous pouvez consulter cette loi sur Légifrance . Cette loi définit les charges récupérables par le propriétaire auprès du locataire, c'est-à-dire celles qui peuvent lui être facturées. Un décret d'application de cette loi précise la liste exhaustive de ces dépenses récupérables. Le propriétaire ne peut donc pas facturer au locataire des dépenses qui ne figurent pas dans cette liste.

Charges récupérables et non récupérables

Il est fondamental de distinguer les charges récupérables des charges non récupérables. Les charges récupérables sont celles liées à l'usage des parties communes, à l'entretien courant de l'immeuble et aux services dont bénéficie le locataire. Les charges non récupérables, quant à elles, sont celles qui concernent les gros travaux de réparation ou d'entretien de l'immeuble, qui restent à la charge du propriétaire. Pour simplifier, pensez à ce qui sert directement au confort du locataire au quotidien.

  • **Charges récupérables :** Chauffage collectif, eau froide et chaude, entretien des parties communes, électricité des parties communes, gardiennage, taxe d'enlèvement des ordures ménagères (TEOM).
  • **Charges non récupérables :** Gros travaux de réparation de la toiture, ravalement de façade, remplacement de l'ascenseur, honoraires de syndic liés à la gestion courante.

Typologie des charges courantes : ce qui est inclus et ce qui ne l'est pas

Cette section explore les différentes catégories de dépenses que l'on rencontre fréquemment dans une location. Une compréhension précise de ce qui est inclus et de ce qui ne l'est pas est essentielle pour éviter les malentendus et les litiges potentiels. Connaître les types de charges est un premier pas vers la maîtrise de vos dépenses.

Charges de copropriété

Les charges de copropriété représentent une part importante des dépenses locatives. Elles englobent les dépenses liées à l'entretien et au fonctionnement des parties communes de l'immeuble. Ces charges sont réparties entre les différents copropriétaires, et le propriétaire peut en récupérer une partie auprès du locataire. La répartition se fait en fonction des tantièmes, qui dépendent de la surface du lot et de son emplacement dans l'immeuble.

  • **Chauffage collectif :** Le coût du chauffage est souvent mutualisé et réparti entre les occupants. Certains immeubles sont équipés de répartiteurs de frais de chauffage individuels.
  • **Eau froide et eau chaude :** La consommation d'eau est généralement facturée au prorata de la surface du logement ou du nombre d'occupants. Les compteurs individuels permettent une facturation plus précise.
  • **Entretien des parties communes :** Nettoyage, entretien des espaces verts, maintenance de l'ascenseur.
  • **Électricité des parties communes :** Éclairage des couloirs, hall d'entrée, parking.
  • **Gardiennage :** La rémunération du gardien, si l'immeuble en possède un. Ses missions peuvent inclure la surveillance, l'entretien et la gestion du courrier.

Taxes

Certaines taxes peuvent être récupérées par le propriétaire auprès du locataire. La plus courante est la taxe d'enlèvement des ordures ménagères (TEOM), qui finance le service de collecte et de traitement des déchets. Son montant figure sur la taxe foncière.

Ce qui n'est jamais inclus

Il est important de savoir que certaines dépenses ne sont jamais incluses dans les charges locatives. Elles restent à la charge exclusive du locataire ou du propriétaire, selon le cas. Il est important de bien distinguer ces dépenses pour éviter les confusions et les demandes injustifiées.

  • **Assurance habitation :** Le locataire doit obligatoirement souscrire une assurance habitation pour couvrir les risques liés à son occupation du logement (incendie, dégât des eaux, etc.).
  • **Consommation personnelle d'électricité et de gaz (hors chauffage collectif) :** Le locataire est responsable de ses propres consommations d'énergie et doit souscrire un abonnement auprès d'un fournisseur.
  • **Gros travaux de rénovation :** Ces travaux sont à la charge du propriétaire, sauf s'ils sont consécutifs à un manquement du locataire.
Type de Charge Récupérable (Oui/Non/Sous conditions) Explications
Chauffage collectif Oui Si le chauffage est collectif et individualisé. Vérifiez la présence de compteurs individuels ou de répartiteurs de frais de chauffage.
Eau froide Oui Selon consommation (compteur individuel) ou tantièmes.
Eau chaude Oui Selon consommation (compteur individuel) ou tantièmes.
Entretien des parties communes Oui Nettoyage, jardinage, menues réparations.
Électricité des parties communes Oui Éclairage des couloirs, etc.
Taxe d'enlèvement des ordures ménagères (TEOM) Oui Totalité. Son montant est indiqué sur la taxe foncière.
Assurance habitation Non Responsabilité du locataire. Obligation légale.
Consommation individuelle d'électricité Non Abonnement et consommation individuelle.
Gros travaux de rénovation Non Responsabilité du propriétaire.

Calcul et répartition des charges : transparence et justification

La manière dont les dépenses sont calculées et réparties est un aspect crucial pour garantir la transparence et l'équité. Cette section détaille les différentes méthodes utilisées et les obligations du propriétaire en matière de justification. Comprendre ces mécanismes vous permettra de vérifier la validité des charges qui vous sont demandées.

Méthodes de calcul

Plusieurs méthodes de calcul peuvent être utilisées pour répartir les dépenses entre les locataires. La méthode la plus courante est la répartition au tantième, qui prend en compte la surface de chaque lot dans la copropriété et sa quote-part des parties communes. D'autres méthodes peuvent être utilisées, comme la répartition par nombre d'occupants (souvent pour l'eau) ou au prorata de la surface du logement.

Transparence des factures

Le propriétaire a l'obligation de fournir au locataire une copie des justificatifs des dépenses, tels que les factures et les relevés de charges de copropriété. Cette transparence permet au locataire de vérifier le bien-fondé des dépenses qui lui sont facturées. L'article 23 de la loi n°89-462 du 6 juillet 1989 ( Article 23 loi 89-462 ) le précise. Ces justificatifs doivent être consultables par le locataire pendant une période de six mois suivant l’envoi du décompte des charges. Le locataire peut exiger ces documents par voie dématérialisée.

Par exemple, si un appartement représente 50/1000 des tantièmes de la copropriété, il paiera 5% des charges communes (entretien des espaces verts, salaire du gardien, assurance de l’immeuble etc.). Si le total de ces charges s’élève à 10 000 € par an, la contribution de ce lot sera de 500 €.

Type de Charge Méthode de calcul typique Exemple concret
Chauffage collectif Tantièmes ou Répartiteurs individuels Si le chauffage coûte 5000€/an et votre lot représente 100/1000 tantièmes, votre part est de 500€.
Eau froide/chaude Compteur individuel ou nombre d'occupants Si l'immeuble consomme 1000m3 d'eau et que vous êtes 2 occupants sur 10, votre part est de 200m3 (si répartition au nombre d'occupants).
Entretien parties communes Tantièmes Similaire au chauffage collectif : proportionnel aux tantièmes.
Ascenseur Tantièmes (selon étage) Les étages supérieurs paient plus car ils utilisent davantage l'ascenseur.

Les charges réelles vs. les provisions : comprendre le mécanisme de la régularisation

Le paiement des dépenses se fait généralement sous forme de provisions mensuelles, qui sont ensuite régularisées en fin d'année. Cette section explique en détail ce mécanisme de régularisation et les droits du locataire en la matière. La régularisation permet d'ajuster les provisions aux dépenses réelles et garantit une répartition équitable.

Définition de la provision

La provision pour dépenses est une estimation des dépenses annuelles que le propriétaire va effectuer pour le compte du locataire. Cette estimation est basée sur les dépenses des années précédentes et peut être ajustée en fonction de l'évolution des prix et des consommations. Le propriétaire doit être en mesure de justifier cette provision.

La régularisation annuelle

Une fois par an, le propriétaire doit procéder à la régularisation des dépenses. Il compare les provisions versées par le locataire aux dépenses réelles et calcule le solde. Si les provisions sont supérieures aux dépenses, le propriétaire doit rembourser le trop-perçu au locataire. Si les provisions sont inférieures aux dépenses, le locataire doit verser un complément au propriétaire. Cette régularisation doit être effectuée dans un délai raisonnable après la clôture des comptes de la copropriété.

Justificatifs obligatoires

Lors de la régularisation des dépenses, le propriétaire doit obligatoirement fournir au locataire les justificatifs des dépenses réelles. Ces justificatifs doivent être clairs et précis, et permettre au locataire de vérifier le bien-fondé des dépenses qui lui sont facturées. Ces justificatifs doivent être mis à disposition du locataire pendant un délai de 6 mois, suivant l'envoi du décompte. Le locataire peut aussi demander à ce que ces justificatifs soient envoyés par voie dématérialisée. Refuser de fournir les justificatifs est une faute du bailleur.

Contestation des charges : vos droits et recours

Si vous estimez que les dépenses qui vous sont facturées sont injustifiées, vous avez le droit de les contester. Cette section vous explique comment procéder et quels sont vos recours. La contestation est un droit, mais elle doit être exercée de manière justifiée et documentée.

Droit d'accès aux justificatifs

Avant de contester les dépenses, vous avez le droit d'accéder à tous les justificatifs des dépenses. Le propriétaire doit vous permettre de consulter ces documents et de les photocopier. Si vous constatez des anomalies ou des incohérences, vous pouvez demander des explications au propriétaire. Conservez une trace écrite de vos demandes.

Procédure de contestation

La première étape de la contestation consiste à adresser une lettre de contestation amiable au propriétaire, de préférence en recommandé avec accusé de réception. Dans cette lettre, vous devez préciser les motifs de votre contestation et les justificatifs manquants. Vous pouvez télécharger un modèle de lettre sur service-public.fr . Si le propriétaire ne répond pas ou si sa réponse ne vous satisfait pas, vous pouvez saisir la Commission Départementale de Conciliation (CDC) ou, en dernier recours, le tribunal compétent.

  • **Lettre de contestation amiable :** Expliquez clairement les raisons de votre contestation, en vous basant sur les justificatifs.
  • **Commission Départementale de Conciliation (CDC) :** Saisissez la CDC si la contestation amiable échoue. C'est une étape préalable obligatoire avant toute action en justice pour les litiges inférieurs à 5000€.
  • **Action en justice :** En dernier recours, saisissez le tribunal compétent. Faites-vous assister par un avocat.

Charges et location meublée : spécificités à connaitre

La location meublée présente certaines particularités en matière de dépenses locatives. Dans certains cas, les dépenses peuvent être fixées forfaitairement, ce qui peut avoir des avantages et des inconvénients pour les deux parties. Ce mode de calcul simplifie la gestion, mais peut être moins précis.

Forfait de charges

En location meublée, il est possible de prévoir un forfait de charges, c'est-à-dire un montant fixe et mensuel qui inclut toutes les dépenses locatives. Ce forfait est généralement négocié entre le propriétaire et le locataire lors de la signature du bail. Les charges sont fixées au forfait et ne peuvent pas faire l'objet d'une régularisation. Ce forfait doit être raisonnable et correspondre à la consommation habituelle du logement.

Avantages et inconvénients du forfait

Le forfait de charges présente l'avantage de la simplicité, car le locataire connaît à l'avance le montant exact de ses dépenses. Cependant, il peut être désavantageux si le locataire consomme moins que le montant du forfait, car il ne sera pas remboursé du trop-perçu. À l'inverse, si le locataire consomme plus que le montant du forfait, il ne sera pas tenu de verser un complément. Il est donc essentiel d'estimer correctement la consommation avant de s'engager.

Optimisation des charges : éco-gestes et négociation

Il existe des moyens de réduire vos dépenses locatives, à la fois en adoptant des éco-gestes et en négociant avec votre propriétaire. Cette section vous donne des conseils pratiques pour optimiser vos dépenses et faire des économies significatives sur le long terme. L'optimisation passe par une consommation responsable et une communication ouverte avec le propriétaire.

Éco-gestes pour réduire les charges

Adopter des éco-gestes au quotidien peut vous permettre de réduire significativement votre consommation d'énergie et d'eau, et donc vos dépenses locatives. Par exemple, vous pouvez baisser le thermostat en cas d'absence, réparer les fuites d'eau, utiliser des ampoules LED, débrancher les appareils en veille et privilégier les douches courtes.

  • **Chauffage :** Baissez le thermostat de quelques degrés, surtout en cas d'absence. Isolez les fenêtres avec des joints ou des rideaux épais. Purgez régulièrement vos radiateurs.
  • **Eau :** Réparez rapidement les fuites, même les plus petites. Utilisez des équipements économes en eau, comme un pommeau de douche à faible débit ou une chasse d'eau à double commande.
  • **Électricité :** Éteignez les lumières en quittant une pièce. Utilisez des ampoules LED, qui consomment beaucoup moins d'énergie que les ampoules traditionnelles. Débranchez les appareils en veille, qui continuent à consommer de l'électricité même lorsqu'ils ne sont pas utilisés.

Négociation des charges avec le propriétaire

Vous pouvez également essayer de négocier le montant des provisions pour dépenses avec votre propriétaire, en particulier si vous estimez qu'elles sont trop élevées ou si le logement présente des défauts d'isolation. Vous pouvez lui proposer de revoir l'estimation à la baisse, en vous basant sur votre consommation réelle ou sur les dépenses des années précédentes. La transparence et la communication sont essentielles pour une négociation réussie. Pensez à argumenter votre demande avec des données concrètes.

Modèle de lettre de contestation amiable des charges

[Votre Nom et Prénom]
[Votre Adresse]
[Votre Numéro de Téléphone]
[Votre Adresse Email]

[Nom et Prénom du Propriétaire]
[Adresse du Propriétaire]

[Ville, Date]

**Objet : Contestation amiable des charges locatives**

Lettre recommandée avec accusé de réception

Madame, Monsieur,

Par la présente, je conteste le montant des charges locatives qui m’ont été facturées pour la période du [Date début] au [Date fin] concernant le logement situé au [Adresse du logement], dont je suis locataire en vertu du contrat de location signé le [Date de signature du contrat].

Je conteste plus précisément le montant de [Montant contesté] correspondant à [Nature de la charge contestée] pour les raisons suivantes :
* [Explication détaillée de votre contestation. Soyez précis et factuel. Par exemple : Absence de justificatif, erreur de calcul, charge non récupérable… ]

En conséquence, je vous prie de bien vouloir me fournir les justificatifs correspondants à cette charge, conformément à l’article 23 de la loi du 6 juillet 1989. Je vous rappelle que je suis en droit de consulter et de photocopier ces documents.

Dans l’attente de votre réponse et des justificatifs demandés, je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de mes salutations distinguées.

[Votre Signature]

N'oubliez pas d'envoyer la lettre en recommandé avec accusé de réception. Cette formalité est essentielle pour prouver que vous avez bien effectué votre démarche et pour faire valoir vos droits si nécessaire.

Maîtriser ses dépenses locatives pour une vie plus sereine

Comprendre la notion de charges comprises est donc primordial pour une location réussie. Cela permet d'éviter les mauvaises surprises et de gérer au mieux son budget. N'hésitez pas à vous informer, à poser des questions à votre propriétaire et à faire valoir vos droits si vous estimez que les dépenses qui vous sont facturées sont injustifiées.

En adoptant des éco-gestes, en suivant l'actualité du droit au logement et en négociant avec votre propriétaire, vous pouvez également optimiser vos dépenses et vivre plus sereinement dans votre logement. La transparence, la communication et la connaissance de vos droits sont les clés d'une relation locative harmonieuse. N'hésitez pas à consulter les sites internet spécialisés pour connaître vos droits et recours.

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